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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/389

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Marianne.

Non ; c’est au désespoir à rétablir ma gloire ;
Je ne puis faire trop d’éclat.

Mr. Argant.

Je suis moins criminel que tu ne l’oses croire.
Sois instruite de ton état.
Cette vive amitié qui t’outrage & te blesse,
Trouvera dans ton ame un retour éternel ;
Apprends que toute ma tendresse
N’est que de l’amour paternel.
Ah !… ma fille…

Marianne.

Ah !… ma fille…Qui ! vous… mon pere ?
Eh ! pourquoi si long-tems me cacher mon bonheur ?

Mr. Argant.

Peut-être ne vas-tu que changer de malheur.

Marianne.

J’entrevois à présent le fond de ce mystere.
Puisque j’ai le bonheur de vous appartenir,
Le sort peut, à son gré, régler mon avenir.
Il m’a plus fait de bien qu’il n’en sçauroit détruire.

Mr. Argant.

Non ; j’ai pris mon parti, puisqu’on me pousse à bout
Mais pour toi, laisse-moi le soin de te conduire.
Argant n’envahira point tout.
Je m’en vais déclarer qu’il n’est point fils unique ;
Que nous avons encor une fille à pourvoir.
Je ne souffrirai point qu’un abus tyrannique,
Qu’un usage cruel, au gré de son pouvoir,