Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/12

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Dites-moi si avec ces qualités-là je puis devenir votre amant, ou si je dois demeurer votre ami. Pour moi, je suis résolu de prendre le parti qu’il vous plaira. Et si je passe de l’amitié à l’amour sans emportement, je puis revenir de l’amour à l’amitié avec aussi peu de violence.




IV.

LETTRE À MADAME ***.

Il n’y a rien de si honnête qu’une ancienne amitié, et rien de si honteux qu’une vieille passion. Détrompez-vous du faux mérite d’être fidèle, et croyez que la confiance est la chose du monde qui fait le plus de tort à la réputation d’une beauté. Qui sait si vous n’avez voulu aimer qu’une seule personne, ou si vous n’avez pu avoir qu’un seul amant ? Vous pensez pratiquer une vertu, et vous nous faites soupconner plusieurs défauts.

Mais que d’ennuis accompagnent toujours cette misérable vertu ! Quelle difference des dégoûts de votre attachement à la délicatesse d’une passion naissante ! Dans une passion nouvelle, vous trouverez toutes les heures déli-