Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/191

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celle de la reine Élisabeth5 ; crevez-vous d’huîtres à souper, et passez les nuits entières sans dormir : votre beauté qui est échappée à la Bassette de M. Morin6, se sauvera bien des fatigues de Newmarket.

Venons au grand Morin. Parler de vos appas,
Est un discours perdu, vous ne l’écoutez pas.
À votre jeu fatal, l’âme la plus sincère
De tromper le tailleur fait sa première affaire ;
Et le noble tailleur, autant et plus loyal,
Sur l’argent du metteur fait un dessein égal.
Il s’applique, il s’attache à ce doux exercice
De voler son voisin sans craindre la justice.
Laissant d’un vieil honneur la scrupuleuse loi,
Et le grossier abus de toute bonne foi :
Il établit ses droits dans la seule industrie,
Et l’adresse des mains est sa vertu chérie.
Tel est le vrai banquier. Pour les nouveaux tailleurs,
Ils quitteront bientôt ou banque ou bonnes mœurs.
Ôtez au grand Morin son subtil avantage
La bassette pour lui sera pis que la rage :
Quoi qu’on ose lui dire, il doit tout endurer,
Et chacun s’autorise à le désespérer.
Que sa langueur augmente avecque sa jaunisse,
Il faut, malgré son mal, qu’il fasse son office.



5. Composée par Thomas Heywood, qui fleurissoit sous les règnes d’Élisabeth et de Jacques Ier. Toutes les piècies du théâtre anglois, de ce temps-là, sont extrêmement longues et fort ennuyeuses.

6. Morin se croyoit souvent malade, et il n’étoit pas possible que les veilles n’epuisassent pas un corps aussi fluet que le sien.