Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/218

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chant lamentable. Jérusalem, M. Dery6, Jérusalem ! M. Dery obéit ; et des Leçons de Ténèbres7 instituées dans l’Église pour nous faire pleurer la mort du Seigneur, sont chantées douloureusement à sa naissance8, quand la même Église nous ordonne de nous réjouir.

Que si l’on remarquoit en vous une petite apparence de retour à la gaieté ; si vous aviez la moindre saillie de joie, par une impulsion de la nature, qui eût échappé aux ordres de la Doloride, aussitôt un regard sévère vous fait rentrer dans le devoir de votre deuil ; et tant de talents d’ennui et de langueur sont employés à vous inspirer le dégoût du monde, que si on avoit ces tristes soins et cette noire application avec M. Talbot, je ne doute point que l’on ne pût faire en quinze jours un bon ermite, du plus enjoué de tous les hommes. Qu’on ne s’étonne donc pas que la Doloride ait réussi dans les machines d’une désolation étudiée : l’étonnement doit être que vous ayez conservé l’es-


6. Page de Mme Mazarin, qui avoit une belle voix.

7. Dans l’Église romaine, on appelle Ténèbres les offices qui se chantent à certains jours de la semaine sainte. Les Leçons de Ténèbres sont tirées des Lamentations de Jérémie sur les malheurs de Jérusalem, qu’on chante sur des tons plaintifs, et qui finissent par ces paroles : Jerusalem, Jerusalem, convertere ad Dominum, etc.

8. On étoit alors à Noël.