Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/222

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occasion ! Montrez-vous, Madame : vous ne pouvez rien faire de si désavantageux pour vous, que de vous cacher : mais en vous rendant accessible, laissez-nous un autre chemin pour aller à vous, que cet appartement maudit1, plus propre à évoquer l’âme de Samuel, qu’à conduire dans la chambre de Mme Mazarin. Si tout cet appareil est de l’ordonnance d’Arcabonne2, il faut prier Dieu qu’il nous garantisse de l’enchantement. Si la noirceur de cette mélancolie est de votre propre humeur ; si vous ne songez qu’à vous nuire, si toute votre application est de vous donner du tourment, apprenez, Madame, que la première cruauté c’est d’être cruel à soi-même : qui ne se pardonne point, ne mérite pas que les autres lui pardonnent, il leur enseigne la sévérité et la rigueur. Venons un peu à la chose ; je me lasse de tant de discours généraux.

Posez que M. votre neveu3 perde ses bénéfices, je ne désavoue point que cela ne soit fâcheux : mais vous avez perdu de plus grands biens, et vous vous en êtes consolée. Un homme qui paroissoit avoir de l’amour pour


1. Voy. ce qui a été dit, dans l’Introduction historique, sur le logement de Mme Mazarin, à Londres.

2. Fameuse magicienne, sœur de l’enchenteur Arcalaüs, dans Amadis de Gaule.

3. Le prince Philippe de Savoie, qui avoit tué Banier, et qui étoit poursuivi, pour ce fait.