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VI.

LETTRES AU MÊME.
(1677.)

Je ne sais pas pourquoi vous admireriez mes vers, puisque je ne les admire pas moi-même ; car vous devez savoir qu’au sentiment d’un grand maître de l’art poétique[1], le poëte est toujours le plus touché de son ouvrage. Pour moi, je reconnois beaucoup de fautes dans le mien, que je pourrois corriger, si l’exactitude ne faisoit trop de peine à mon humeur, et ne consumoit trop de temps à une personne de mon âge. D’ailleurs, j’ai une excuse que vous recevrez, si je ne me trompe : les coups d’essais ne sont pas souvent des chefs-d’œuvre, et les louanges que je donne au roi, étant les premières véritables et sincères que j’ai données, il ne faut pas s’étonner que je n’y aïe pas trop bien réussi. Les vôtres, pour moi, ont une ironie ingénieuse, dans laquelle je me suis vu si grand maître autrefois, que le maréchal de Clérambaut ne trouvoit que moi capable de

  1. Aristote.