Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/251

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à la Cour, et vous m’avouerez, Messieurs, que ce ne fut pas la chose la moins sage de sa vie.

Il ne lui restoit que trop de quoi se faire considerer. Les charges, les gouvernements, les richesses, en quoi il surpassoit tous les sujets de l’Europe, lui attiroient assez de respect ; mais il s’en défit, comme de choses superflues, en philosophe ; ou comme de vanités dangereuses au salut, en chrétien. De quelque manière que ce fût, il ne se laissa rien d’un amas si précieux à l’égard des hommes. De mille raretés que l’opulence et la curiosité avoient amassées, d’un nombre infini de tableaux, de statues, de tapisseries, il n’y eut rien qui ne fût défiguré2 ou vendu. De toutes les charges,


2. M. Mazarin, dans un transport de son fanatisme, mutila les statues du palais Mazarin, que le cardinal Mazarin avoit ramassées de tous côtés, avec des dépenses et des soins immenses. Voy. le Factum pour Mme Mazarin, etc., dans le Mélange curieux des meilleures pièces attribuées à M. de Saint-Évremond. M. Ménage fit à cette occasion une épigramme latine qui n’a point vu le jour, et qui mérite d’être conservée. La voici :

Phidiacas toto Statuas collegerat orbe,
Qui paces fecit Julius, orbis amor ;
Et dudum has Juli servabat porticus ingens
Invidiosa tuis, Regia, porticibus.
Mancina conjux, hæres Armandus Juli,
Dum nullis tectas vestibus esse videt,
Frangendas mandat famulo qua parte tenellas