Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/257

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vivre avec ceux qui ne l’ont pas. Ces deux calamités se sont trouvées pleinement dans le mariage infortuné de M. et de Mme Mazarin. M. Mazarin a de sa nature un éloignement si grand de la raison, qu’il lui est comme impossible d’être jamais raisonnable : seule excuse que ses amis, s’il en a, pourroient nous donner de sa conduite. Mme Mazarin a reçu de sa mauvaise fortune la contrainte de demeurer avec M. Mazarin. Le supplice du vivant attaché avec le mort, n’est pas plus cruel que celui du sage lié nécessairement avec son contraire ; et c’est la cruauté que Mme Mazarin fut obligée de souffrir pendant cinq ans : obsédée le jour, effrayée la nuit, fatiguée de voyages sur voyages faits mal à propos, assujettie à des ordres extravagants et tyranniques, ne voyant que des observateurs ou des ennemis ; et ce qui est le pire dans les conditions infortunées, malbeureuse sans consolation. Toute autre se seroit défendue de l’oppression, par une résistance déclarée. Mme Mazarin voulut échapper seulement à ses malheurs, et aller chercher au lieu de sa naissance, avec ses parents, la sûreté et le repos qu’elle avoit perdus.

Tant qu’elle a été à Rome, on l’a vue honorée de tout ce qu’il y avoit d’illustre et de grand. Revenue en France, elle obtint du roi une pension pour subsister, et un officier de