Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/288

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héroïque, par la force des passions, par la sublimité du discours : Racine trouve son mérite en des sentiments plus naturels, en des pensées plus nettes, dans une diction plus pure et plus facile. Le premier, enlève l’âme ; l’autre, gagne l’esprit : celui-ci, ne donne rien à censurer au lecteur, celui-là ne laisse pas le spectateur en état d’examiner. Dans la conduite de l’ouvrage, Racine, plus circonspect, ou se défiant de lui-même, s’attache aux Grecs, qu’il possède parfaitement : Corneille, profitant des lumières que le temps apporte, trouve des beautés qu’Aristote ne connoissoit pas.

Molière a pris les anciens pour modèle : inimitable à ceux qu’il a imites, s’ils vivoient encore.

Il n’y a point d’auteur qui fasse plus d’honneur à notre siècle que Despréaux. En faire un éloge plus étendu, ce seroit entreprendre sur ses ouvrages, qui le font eux-mêmes.

La Fontaine embellit les Fables des anciens ; les anciens auroient gâté les Contes de la Fontaine.

Perrault a mieux trouvé les défauts des anciens, qu’il n’a prouvé l’avantage des modernes. À tout prendre, son livre1 me


1. Le Parallèle des anciens et des modernes, publié d’abord en 1686, 1 vol. in-12, puis étendu, plus tard, en 4 vol., Paris, 1688-96.