Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/347

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bouche. Il y a tant d’esprit dans votre bouche, il y a tant d’esprit dans votre lettre, que vous ne laissez pas même imaginer le commencement du retour. Quelle ingratitude d’avoir honte de nommer l’Amour, à qui vous devez votre mérite et vos plaisirs ! Car enfin, ma belle gardeuse de cassette, la réputation de votre probité est particulièrement établie sur ce que vous avez résisté à des amants qui se fussent accommodés volontiers de l’argent de vos amis. Avouez toutes vos passions, pour faire valoir toutes vos vertus. Cependant vous n’avez exprimé que la moitié du caractère : il n’y a rien de mieux que la part qui regarde vos amis ; rien de plus sec que ce qui regarde vos amants. En peu de vers, je veux faire le caractère entier, et le voici, formé de toutes les qualités que vous avez, ou que vous avez eues.

Dans vos amours on vous trouvoit légère,
En amitié toujours sûre et sincère ;
Pour vos amants, les humeurs de Vénus :
Pour vos amis, les solides vertus.
Quand les premiers vous nominoient infidèle.
Et qu’asservis encore à votre loi,
Ils reprochoient une flamme nouvelle,
Les autres se louoient de votre bonne foi.
Tantôt c’étoit le naturel d’Hélène,
Ses appétits comme tous ses appas ;
Tantôt c’étoit la probité romaine,
C’étoit d’honneur la règle et le compas.