Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/364

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l’on voudroit. Vous êtes toutes deux environnées de ce qui fait oublier le reste du monde, c’est-à-dire d’enchantements, et de grâces de toutes sortes.

Moins d’amour, de ris et de jeux,
Cortége de Vénus, sollicitoient pour elle,
Dans ce différend si fameux,
Où l’on déclara la plus belle
La déesse des agréments.
Celle aux yeux bleus, celle aux bras blancs,
Furent au tribunal par Mercure conduites :
Chacune étala ses talens.
Si le même débat renaissoit en nos temps,
Le procès aurait d’autres suites,
Et vous, et votre sœur, emporteriez le prix
Sur les clientes de Pâris.
Tous les citoyens d’Amathonte
Auroient beau parler pour Cypris ;
Car vous avez, selon mon compte,
Plus d’amour, de jeux et de ris.
Vous excellez en mille choses,
Vous portez en tous lieux la joye et les plaisirs :
Allez en des climats inconnus aux zéphirs,
Les champs se vêtiront de roses.
Mais comme aucun bonheur n’est constant dans son cours,
Quelques noirs aquilons troublent de si beaux jours.
C’est-là que vous savez témoigner du courage,
Vous envoyez au vent ce fâcheux souvenir :
Vous avez cent secrets pour combattre l’orage ;
Que n’en aviez-vous un qui le sût prévenir !

On m’a mandé que Votre Altesse étoit ad-