Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/426

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vous de votre Manducation spirituelle, de cette foi qui mange réellement la substance de ce même corps ? La difficulté est grande de tous côtés, et un miracle est aussi nécessaire à votre opinion qu’à la nôtre. Laissez-nous donc la créance d’un mystère inconcevable, et nous vous laisserons ce mélange bizarre de foi et de raison, inexpliquable pour vous et incompréhensible pour les autres. Que chacun demeure attaché à sa doctrine comme il lui plaira ; mais accordons-nous dans l’usage du sacrement. Les Pères en ont usé autrefois ainsi ; pourquoi ne ferions-nous pas aujourd’hui la même chose ?

L’article de l’Adoration n’y doit pas être un obstacle, puisque la véritable Adoration est un acte intérieur qui dépend de vous ; et sans la direction de votre esprit et le mouvement de votre cœur, vous avez beau vous mettre à genoux, vous n’adorez rien. Si être à genoux étoit adorer, les enfants seroient idolâtres en Angleterre, pour aborder leurs parents dans cette posture humble et soumise ; et un amant qui se met aux pieds de sa maîtresse feroit un acte d’idolâtrie ; et les Espagnols, dont les révérences sont des espèces de génuflexions, seroient pour le moins des profanes. C’est par un raffinement de votre principe, que les Quakers n’ôtent leur chapeau, ni aux princes ni aux magistrats, dans l’appréhension qu’ils ont