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XIV.

À M. DE SAINT-ÉVREMOND.

(Quatre ans plus tard, en 1700, le comte de Grammont fut encore très-gravement malade, et en revint heureusement. Saint-Évremond ne lui ayant rien mandé, à cette occasion, le comte lui fit écrire, par Hamilton, la lettre suivante. Voy. la lettre à Ninon, infra, nº 105.)

Votre régularité à m’écrire sur mes autres résurrections me fait croire que vous n’avez rien su de celle-ci. Je viens pourtant de pousser l’aventure plus loin que jamais, avec aussi peu d’envie de la mettre à fin. On se moque de dire que les occasions accoutument au péril : pour moi qui viens de voir la mort d’assez près, je vous dirai franchement que je me sens une grande aversion pour elle ; et lorsqu’on la voit venir droit à son homme, je tiens qu’il est difficile de n’en être pas ému.

Malgré la misère ou les ans,
Malgré les chagrins accablants
D’une ennuyeuse maladie ;
Malgré cette glace ennemie
Qui se répand sur tous les sens ;
Quoique perclus, quoique mourants,
Il reste aux humains, pour la vie,