Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/65

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rien au naturel. Je passe de là à la difficulté qu’il y a de trouver ensemble une connoissance des hommes, et une profonde intelligence des affaires ; et en huit ou dix lignes, je fais voir que M. de Lionne, le Ministre, a réuni deux talents ordinairement séparés, qui se trouvent en lui dans la plus grande perfection où ils sauroient être. Il fait si froid, que pour un empire je n’écrirois pas une feuille de papier. Je vous enverrai aussi la Dissertation sur l’Alexandre, à mon avis, beaucoup plus raisonnable que vous ne l’avez. Voilà tout ce que je puis faire pour toutes les grâces que vous me faites.

Je vous suis fort obligé de m’avoir envoyé la traduction qu’a faite M. Corneille du petit poëme latin des conquêtes du roi. Je louerois extrêmement le latin, si je n’étois obligé, en conscience, à louer davantage le françois. Notre langue est plus majestueuse que la latine, et les vers plus harmonieux, si je me puis servir de ce terme. Mais ce n’est pas merveille que celui qui a donné plus de force et plus de majesté aux pensées de Lucain, ait eu le même avantage sur un auteur latin de notre temps. Avec cela, j’admire encore plus ce que Corneille a fait, de lui-même, sur le retour du roi, que sa traduction, tout admirable qu’elle est[1]. Je n’ai ja-

  1. Le P. de la Rue avoit fait un poëme latin sur