Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/72

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tendre. Tout y est bien pensé, et j’y ai trouvé de fort beaux vers. Pour le sujet de l’économie des pièces, je n’ai pas eu le loisir d’y faire la moindre réflexion.

Je souhaite de tout mon cœur que Corneille traite le sujet d’Annibal, et s’il y peut faire entrer la conférence qu’il eut avec Scipion, avant la bataille, je m’imagine qu’on leur fera tenir des discours dignes des plus grands hommes du monde, comme ils l’étoient.

Je vous envoie les Observations sur Salluste, dont je vous ai parlé, et je vous enverrai bientôt la dissertation sur l’Alexandre : tout cela mal copié. Pour les portraits, ils sont tellement attachés à cette Conversation avec M. de Caudale, qu’on ne peut pas les en séparer, et je ne puis pas envoyer encore l’ouvrage. Adieu, aimez-moi toujours, et me croyez à vous plus qu’homme du monde.

Je ne sais pas si M. de Lionne veut qu’on le croie aussi poli et aussi délicat, et autant homme de plaisir qu’il l’est. Quand ces qualités-là ne produisent qu’une molle paresse, elles conviennent mal à un ministre ; mais quand un ministre profond et consommé dans les affaires se peut mettre au-dessus d’elles, pour les posséder pleinement, et se faire encore quelque loisir agréable et voluptueux, pour la douceur de l’âme et le commerce des honnêtes