Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/114

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Pour fixer la vérité, il ne s’agit que de rétablir la chronologie de tous ces divers écrits. Si l’on songe que bientôt après la composition des trois petits ouvrages de Saint-Évremond, la guerre civile a éclaté ; que la société parisienne a été dispersée ; que la plupart des salons ont été fermés ; que chacun a pris parti, pour ou contre Mazarin ; que la politique a tout absorbé, jusqu’à la paix de 1652 ; que même après cette paix, La Rochefoucauld est resté, dans sa retraite de Verteuil, éloigné de Paris ; et que pendant longtemps encore subsistèrent, dans la société, les traces des dissentiments politiques ; qu’un nouveau monde a succédé à celui d’avant la Fronde ; que les belles et galantes dames de la place Royale, ou de la rue Saint-Thomas du Louvre, ont été se consoler à Port-Royal, où ne les a pas suivies Saint-Évremond ; qu’enfin, en 1661, est survenue la disgrâce accablante de Fouquet et de Saint-Évremond, qui a livré le bien de celui-ci au pillage universel : l’on aura l’explication complète de ce mystère d’une composition de l’an 1647, restée près de vingt ans inédite, et publiée à l’insu de son auteur, en 1668 : mystère qui peut nous surprendre, aujourd’hui où nos habitudes de publicité s’éloignent tant de celles de l’époque en question, mais qui se dévoile avec clarté, quand on entre dans le détail précis des événements et des preuves.

On peut même expliquer comment, malgré ses aperçus si vrais, M. Cousin a été induit à ne voir dans Saint-Évremond qu’un imitateur de La Rochefoucauld. En effet, en même temps qu’il est l’un de nos premiers écrivains, M. Cousin est l’un de nos premiers bibliophiles. Or, il n’avoit trouvé la Maxime