Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/117

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où Mme de Sablé a quitté le Marais. Cette conséquence étant admise, nous nous trouvons bien près de la dislocation de la société parisienne par la Fronde, et de l’année 1647, indiquée par Saint-Évremond, par Des Maizeaux, et par un ensemble irrécusable de preuves. La Rochefoucauld n’en est pas amoindri, mais Saint-Évremond est rendu à lui-même. En 1668, il n’étoit donc pas un inconnu pour Mme de Sable.

Quant à l’altération de la Maxime de Saint-Évremond, c’est le sort de tout ouvrage qui circule en manuscrit. Le Dialogue des héros de roman de Boileau fut répandu en cette forme, pendant longtemps, parmi les curieux ; et Boileau nous apprend lui-même qu’à la fin il ne s’y connoissoit plus17. Les portefeuilles de Conrart sont remplis de compositions apocryphes ou altérées ; on ne peut les consulter qu’avec précaution.

Il ne nous reste qu’à dire pourquoi, dans tout ce débat si curieux de 1665, ouvert à propos des Maximes de La Rochefoucauld, dans le grand monde parisien, et dont M. Cousin a rendu compte avec tant d’éclat et d’intérêt, le nom de Saint-Évremond n’a pas été prononcé. Un mot suffit à cet égard ; il est triste, mais il est vrai. Saint-Évremond étoit exilé ; il étoit l’objet de toute la colère du souverain : peu de monde osoit alors s’avouer son ami, ni l’avoir connu. Qui a prononcé le nom de Fouquet, depuis le jour de son départ pour Pignerol, jusqu’à sa mort, c’est-à-dire pendant vingt ans ?


17. Voy. la Corresp. de Brossette avec Boileau, publ. par M. Laverdet, pag. 175, 176.