Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/124

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une scène peu connue qu’on me permettra de rapporter ici. C’était le jour de Pâques. Le plénipotentiaire impérial, le comte de Volmar, étoit venu se confesser à l’église des Capucins de Munster, et il s’agenouilloit à l’autel, au moment même où parut le comte d’Avaux, qui s’agenouilla de l’autre côté, pour remplir le même devoir religieux. Le comte de Volmar se leva aussitôt et salua le comte d’Avaux, qui lui rendit poliment le salut et lui souhaita, en François, un bon jour de Pâques. « Puisque nous nous trouvons ici réunis, répondit le comte de Volmar en latin, pour consacrer ce jour à l’adoration d’un Dieu de paix, efforçons-nous d’amener plus d’esprit de concorde dans nos conférences. » Et le comte d’Avaux, ému de cette invitation, répliqua dans la même langue, et en montrant le ciboire sur l’autel : « Eh bien ! j’atteste Dieu, que moi aussi j’ai la paix dans le cœur, et certainement vous recevrez, cette semaine, nos propositions. » Le comte de Volmar se rapprochant alors du comte d’Avaux, lui dit en pressant sa main : « Je prends acte de votre parole ; que l’ange de paix descende au milieu de nous, et soit le témoin de votre engagement. » Sur ce, les deux ambassadeurs s’embrassèrent avec effusion, et se séparèrent profondément touchés de cette rencontre.

En effet, le 11 juin 1645, les François communiquèrent enfin leurs propositions à l’Empire. C’étoit la cession à la France de Philipsbourg, des deux Alsaces, des trois Évêchés, avec le Brisgau, et le rétablissement de la liberté germanique par la révision de la bulle d’or rajeunie. L’Empire et l’empereur jetèrent d’abord les hauts cris ; toutefois