Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/139

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pour le général auquel il a obéi, et dont il est demeuré fier. En 1685, Saint-Évremond avoit adressé au Prince des vers agréables sur la retraite à Chantilly13 ; après sa mort il consacra une pièce de poésie à sa mémoire14. Ainsi, depuis que Saint-Évremond a éprouvé le courroux du Prince, il s’est résigné avec sérénité ; il n’a pas proféré une plainte, il n’a écrit que du bien d’un homme dont il n’attendait plus rien ; et s’il a flatté peut-être le puissant, le glorieux, homme de guerre, on peut dire que ce n’a été qu’après sa mort.


CHAPITRE VII.
La philosophie de Saint-Évremond. — Le scepticisme
épicurien en France.

Saint-Évremond, privé de la faveur du prince de Condé, chercha une diversion à son chagrin, dans la douce philosophie, qui déjà fesoit le charme de sa vie, et qui plus tard en devint la consolation, dans l’exil. C’étoit le scepticisme épicurien. Comment Saint-Évremond étoit-il devenu l’adepte d’Épicure, et comment le dix-septième siècle a-t-il prêté l’oreille à sa doctrine ? il m’a paru curieux de le rechercher.



13. Voy. cette pièce au tom. V, pag. 80, de l’édit. de 1753.

14. Voy. au tom. V, pag. 142, de l’édit. citée.