Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/153

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lui-même, goûtoient fort Montaigne et ne s’en cachoient pas.

Tout sembla, sous Louis XIII, favoriser la propagation du scepticisme. Les passions religieuses se rallumoient, en apparence ; mais l’intérêt religieux n’étoit évidemment que le prétexte de l’intérêt politique. Le cardinal de Richelieu combattoit la réforme à la Rochelle, et la soutenoit en Allemagne. De leur côté, les chefs de la réforme, en France, avoient moins en vue la liberté de conscience, qu’on ne leur contestoit plus, que l’établissement d’une république, à l’exemple de celle des Provinces-Unies. Dans la direction religieuse de la vie privée, les jésuites étoient décrédités ; les jansénistes, que n’avoit point encore grandis la persécution, étoient fort respectables, mais leur affectation d’austérité les rendoit insupportables au commun des mortels.

L’éclat de la dispute entre les jansénistes et les jésuites, les deux plus brillantes écoles du catholicisme triomphant, fut un des grands scandales du dix-septième siècle ; ainsi l’attestent tous les mémoires des contemporains3. Les huguenots en tirèrent avantage et les sceptiques encore plus : les jésuites s’attaquant à détruire l’impression de l’austérité des jansénistes, et ces derniers s’attaquant à ruiner la considération des jésuites, par la critique de leur relâchement. Saint-Évremond a tiré sur les jésuites, dans la Conversation du maréchal d’Hocquincuurt, et sur les jansénistes, dans la conversation de M. d’Aubigny. La domination, ob-


3. Mémoires de Mademoiselle, tom. III, pag. 70, édit. Chéruel.