Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/181

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à l’envi, par le ministre et par le roi. La mort de Louis XIII et de Richelieu (1643) ramena donc au pouvoir une princesse exilée, et avec elle un flot d’émigrés auxquels il sembloit que la souveraine, leur ancienne complice, ne pouvoit rien refuser. La Reine est si bonne, la Reine promet tout, la Reine donne tout : tels étoient les mots qui furent dans toutes les bouches, pendant quelque temps. Mais cette émigration ne fut ni plus sensée, ni plus sage, que n’ont jamais été les autres, et bientôt elle reprit le chemin de la disgrâce, devant les nécessités du gouvernement. Toutefois l’esprit de réaction, contre le ministériat, ne put être contenu.

Richelieu n’avoit encore fondé que le pouvoir absolu, dont la théorie est tout entière dans le préambule de l’édit de 1641 ; et la France, pour s’y être soumise, ne l’avoit point acceptée, lorsqu’il mourut. Le pouvoir royal a été jadis balancé, chez nous, tantôt par celui des grands vassaux, tantôt par celui des princes et chefs de la noblesse, tantôt par les Parlements, dont les Valois avoient étendu les attributions : toujours par des institutions ou des usages modérateurs, plus ou moins en harmonie avec l’état social. Richelieu venoit d’établir, par la terreur, un pouvoir central et régulier, qui ne laissoit aux libertés politiques aucune garantie. Il avoit fait trop et trop peu.

Les grands vassaux trouvoient des continuateurs dans les gouverneurs des provinces, et dans les seigneurs opulents qui peuploient la capitale. Les habitudes féodales avoient, à vrai dire, fait place à des mœurs différentes ; la féodalité avoit été bannie des institutions politiques ; mais les pratiques de la so-