Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/184

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composée des mécontents de toutes les couleurs, n’étoit donc point une cause, comme la ligue, et n’avoit, à vrai dire, point de chef. Il fut possible à un homme aussi patient qu’habile, tel qu’étoit Mazarin, d’avoir raison de tout ce monde.

Mais l’explosion n’en fut pas moins une crise redoutable pour la monarchie. S’il y avoit diversité dans le but poursuivi par chacun, il y avoit un concert formidable dans l’attaque de tous. Le soulèvement de la noblesse, de la magistrature et de la bourgeoisie, pour empêcher la résurrection ou la continuation d’un pouvoir qui avoit tout fait trembler : pouvoir dont on se croyoit délivré par la mort de Richelieu, et contre lequel la Reine régente elle-même avoit donné l’exemple de la révolte, parut opposer au ministère du cardinal Mazarin un obstacle insurmontable. Dès les premiers jours de la Fronde, le Parlement de Paris remontroit à la Régente que : « La loi fondamentale de la monarchie veut qu’il n’y ait qu’un maître en titre et en fonctions : de sorte qu’il est toujours honteux au prince, et dommageable aux sujets, qu’un particulier prenne trop de part à son affection et à son autorité ; celle-là devant être communiquée à tous, et celle-ci n’appartenant qu’à lui seul. » Profession de foi monarchique qui n’empêcha point ce même Parlement de réclamer, dans les fameuses assemblées de la chambre Saint-Louis, des garanties contre l’usage du pouvoir royal, par le monarque en personne.

Il y eut donc une époque, de 1647 à 1648, où, sans manifestation extérieure encore, tout le monde sembloit pourtant s’accorder, dans la réprobation