Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/213

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Saint-Évremond l’alla remercier, après son élargissement, il lui dit fort obligeamment, qu’il étoit persuadé de son innocence, mais que dans le poste qu’il occupoit, on se trouvoit obligé d’écouter tant de choses, qu’il étoit bien difficile de distinguer le vrai du faux, et de ne pas maltraiter quelquefois un honnête homme. »

Or il n’y a rien, dans ce récit, qui se puisse accorder avec le témoignage que nous avons de M. de Cosnac, touchant ce qui s’est passé dans la négociation de la paix de Bordeaux. C’est Gourville, et non l’évêque d’Agen, qui a été le négociateur employé par M. de Candale, et Gourville étoit envoyé par Mazarin lui-même.

M. Silvestre, de son côté, après avoir répété que personne n’eut plus de crédit que Saint-Évremond, auprès du duc de Candale, ajoute que : « Dans l’accommodement que fit la province de Guienne, le duc prit un parti qui déplut au cardinal, et que celui-ci n’osant pas attaquer directement le duc de Candale, crut devoir mortifier M. de Saint-Évremond, qu’on accusoit d’avoir eu part à ses conseils. Sur un prétexte aussi léger, c’est-à-dire pour quelques plaisanteries dites à table, à quoi M. de Saint-Évremond n’avoit pas plus de part que le reste de la compagnie, le cardinal le fit mettre à la Bastille. Après y avoir resté un peu plus de trois mois, il fut mis en liberté ; mais l’idée effrayante de la Bastille, lui demeura toujours dans l’esprit ; et cette crainte fut la principale raison qui l’engagea à sortir de France, lorsqu’il fut compromis dans l’affaire de Fouquet. » Je ne crois point au déplaisir du cardinal, tou-