Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/224

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rend inexcusable, surtout après l’échec que cette femme héroïque sut infliger à son audace.

Au dix-septième siècle, on diroit que tout naturellement, les caractères tournent à l’héroïsme. Les imaginations étoient alors surexcitées, et toute affection s’en ressentoit. Les héroïnes des romans à la mode, Mandane en tète, n’étoient autres que d’illustres contemporaines. On le savoit, et l’on se pasionnoit encore pour elles, dans les ruelles, en lisant le roman, après s’être passionné dans leur parti, le pistolet au poing. Jamais les femmes n’ont exercé une aussi grande influence, sur les affaires, qu’en ce temps-là. Mme de Staël et Mme Récamier, malgré leur bon vouloir, n’ont jamais eu tant d’importance que Mademoiselle, la palatine de Gonzague, Mme de Longueville et Mme de Chevreuse. Jusqu’aux danses et aux plaisirs du temps, tout portoit une empreinte d’héroïque. Les ballets étoient en vogue,dans la société polie, et les princes y figuroient, jouant les rôles de demi-dieux, et ravissant les spectateurs par de belles danses de caractère. Quelle perte que celle du menuet ! Le menuet, c’étoit un drame, un poëme. Je n’ai jamais compris que les beaux et les belles aient laissé disparoître cette occasion traditionnelle du triomphe de leurs grâces.

Les héroïnes du dix-septième siècle, et toute femme se piquoit de l’être à sa façon, s’honoroient quelquefois d’être fidèles à leurs maris ; mais c’étoit par amour, plutôt que par devoir. Les lionnes de notre âge auroient été sûrement des héroïnes, en ce siècle. Les gens du bel air ne voyoient que des héroïnes. Ménage, lui-même, se donnoit cette fatuité. Il y avoit plusieurs étages d’héroïnes, et dans