Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conversation est toujours sensée et toujours satisfaisante. »

Ruvigny, resté fort attaché aux intérêts protestants12, se fit oublier, après la révocation de l’édit de Nantes. Il étoit alors octogénaire, et il survécut peu. Mais son fils, un autre Henri de Ruvigny, officier de distinction, quitta la France, après la fatale ordonnance du 22 octobre 1685, et se réfugia en Angleterre où la famille de sa mère tenoit un grand état. Il y fut créé comte de Galloway, et sous ce nom, il commanda, nonobstant la désapprobation de Saint-Évremond, un corps de réfugiés Français, avec lequel il fut battu, à la bataille de Nerwinde, par le maréchal de Luxembourg. Plus tard, il commanda l’armée angloise elle-même, pendant la guerre de la succession, en Espagne, et il fut vaincu, à la bataille d’Almanza, par le maréchal de Berwyck ; après quoi, il fut soumis à bien des humiliations, pour se justifier, à son retour en Angleterre : juste et ordinaire châtiment de ceux qui, portant les armes contre leur pays, n’ont pas le sort des combats toujours favorable.

À la suite de ces grandes amitiés de Saint-Évremond, nous pourrions rappeler l’attachement qui l’unit à la famille de Lionne, dont il resta le correspondant assidu, après la mort du ministre illustre qui avoit négocié le mariage de Louis XIV ; et l’affection dont il fut l’objet dans la maison de la Tour d’Auvergne, où il étoit désigné sous un nom familier, qui disoit à la fois le respect et la tendresse conservés, par cette noble famille, au vieux soldat de


12. Il est intraitable, écrivoit Mme de Maintenon.