Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/276

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fesoient naître Ninon en 1615 ou en 1616. C’étoit donc, selon lui, vers 1632, que le cardinal auroit disposé de Ninon ; il avoit alors quarante-six ans seulement. Voilà pour l’antithèse des premières et des dernières amours. Le vrai, c’est que Ninon étoit née, non en 1615, mais en novembre 1620, suivant son acte de naissance découvert de nos jours4. M. P. Paris a déjà montré combien de contes fabuleux renversent cette date, ainsi que celle de la mort de la mère de Ninon. Voltaire parle ensuite de Gourville « que nous avons vu mourir, dit-il, l’un des hommes de France les plus considérés. » Gourville est mort en 1703 ; Voltaire avoit alors huit ans. Il a confondu le père et le fils. Il ajoute, que Ninon avoit quatre-vingt-dix ans quand elle est morte. Elle en avoit quatre-vingt-cinq. Pour ce qui est de ses amours sans fin, et de l’histoire de l’abbé de Châteauneuf, auquel d’autres ont substitué l’abbé Gedoyn, comment concilier ce qu’en dit Voltaire avec le témoignage de Saint-Simon, qui a vu mourir Mlle de Lenclos ; avec celui de Mme de Coulanges, qui a passé sa vieillesse auprès d’elle, et de Mme de Sévigné qui l’aimoit peu ; avec le témoi-


avérées, sur Ninon de Lenclos. Quoique crédules, ils lui sont très-sympathiques. Ces biographies étoient ce qu’il y avoit de plus complet à consulter sur Ninon, avant la publication de Tallemant, qui n’étoît pas reçu chez elle, mais qui l’a connue et suivie, et qui, sauf la mauvaise langue et les faux rapports, mérite quelque créance, sur ce chapitre. Scarron, Somaize, Mme de Sévigné, Mme dé Coulanges, Dangeau, etc., nous ont laissé des documents plus sûrs, mais moins étendus.

4. Voy. cet acte ; ainsi que celui du décès, dans l’édition de Tallemant, donnée par M. P. Paris, tom. VI, Historiette de Ninon.