Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/303

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Antoine, où il avoit construit notamment l’église de la Visitation, encore subsistante, et le frontispice des Minimes dont le portail a été détruit ; restauré la belle porte Saint-Antoine, décorée jadis par Jean Goujon, aujourd’hui démolie ; réparé l’hôtel de Carnavalet encore si bien conservé, et bâti divers hôtels, entre autres celui d’Aumont, rue de Jouy ; prit goût à ce quartier, à ce moment si recherché, et s’y donna, dans une situation alors ravissante, une jolie maison qu’il n’habita guère, et dont il céda l’usage à vie à Mlle de Lenclos. C’est ainsi que Ninon est devenue locataire des Mansart, oncle et neveu, pendant un demi-siècle. Après sa mort, Jules-Hardouin Mansart est venu occuper cet hôtel, respecté par le temps, et visible, au nº 28 de la rue qui a pris son nom de l’ancien palais des Tournelles, qu’elle longeoit, avant qu’il ne fût démoli par Catherine de Médicis. François Mansart en avoit choisi la place en homme de goût. Son jardin, comme tous ceux de la même rue, à partir de la rue Jean-Beausire, donnoit sur l’immense bastion qui défendoit jadis la porte Saint-Antoine, et qui fut appelé le grand boulevard, au dix-septième siècle. La grille encore subsistante ouvre, à cette heure, sur le boulevard Beaumarchais 21-23 ; mais les constructions élevées sur les jardins voisins ont converti celui de Ninon en préau privé d’air. La rue aboutissoit alors, du côté du nord, à la partie du rempart qu’on nommoit le jardin des Arquebusiers. Sa prolongation forme, à présent, retour d’équerre. Par son autre extrémité, la rue aboutissoit, au midi, à cette fameuse et belle place Saint-Antoine, théâtre du duel des six, avec la Bastille en