Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/316

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prit à sauver le corps du péril. La pente étoit bien entraînante ! Que de malheureuses dévoient rouler jusqu’au fond de l’abîme ! MMmes de la Suze, de Villedieu, d’Olonne, Mlle Serment ! Il faut beaucoup d’indulgence, pour absoudre le scepticisme épicurien de ces naufrages. Il est vrai que bien des Cartésiennes ont été, de leur côté, en ce temps-là, éprouvées par les tempêtes.

Dans d’autres salons de Paris dominoient aussi les principes libertins : chez les Vendôme, chez Mme de Bouillon, chez les Chaulieu25 ; nulle part il n’y avoit autant de mesure que chez Ninon. Elle n’auroit jamais reçu les couplets de Chapelle, qu’on a trouvés dans les tiroirs de la duchesse de Bouillon. Elle voyoit beaucoup Mme de la Fayette qui étoit la bienséance même, Mme de Choisy moins assurée, Mme de Coulanges si mesurée et que tout le monde connoît, Mme de la Sablière, femme adorable, Mme de Courcelles-Marguenat, qu’il ne faut pas confondre avec Sidonia de Lenoncourt, cette femme si légère, qui demandoit gracieusement qu’on la laissât jouir de sa mauvaise réputation. La maréchale de Castelnau, Mme de Champré, la maréchale d’Albret, Mme de Fiesque, la marquise de Lambert, Mme du Tort et la duchesse de Sully, femmes de tout âge, furent aussi au nombre des relations de Mlle de Lenclos ; et bien que la plupart différassent d’opinion avec elle, toutes s’accordoient à répéter affectueusement, ces vers de Saint-Évremond :

L’indulgente et sage nature


25. Voy. Les Cours galantes de M. G. Desnoiresterres, tome IIIe ; c’est un livre plein d’intérêt.