Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même drapeau que Mademoiselle, pendant la guerre civile de la Fronde. Pourtant, quoique Saint-Évremond n’eût pas été du parti des princes, il conservoit des droits à être accueilli au Luxembourg. Saint-Évremond étoit un royaliste, mais indépendant. On ne pouvoit point dire qu’il fût un Mazarin. Il n’étoit pas personnellement compromis avec les princes, comme Miossens, qui ne parut pas, je crois, chez Mademoiselle, même lorsqu’il fut le maréchal d’Albret : il avoit porté la main sur l’idole de Mademoiselle ; idole, hélas ! qui fut bien ingrate, à certain jour, envers l’héroïque héritière des Montpensier. D’ailleurs, au Luxembourg, on préconisoit la conciliation et l’oubli. L’un des mieux reçus étoit le duc de Candale ; Saint-Évremond, son lieutenant, n’avoit pas été plus animé que lui, contre la Fronde. Les Rouville, les Créqui, les Palluau, les Rohan, les Grammont, qui avoient suivi le parti de la cour, n’alloient pas, avec moins d’empressement, chez Mademoiselle. Elle combloit même de ses faveurs la fille de cette Mme de Montbazon1 qui avoit été si oublieuse de respect, à Vincennes, envers les princes arrêtés ; et la jeune Éléonore de Rohan faisoit l’ornement du salon du Luxembourg par son esprit précoce et par sa beauté. Enfin, les visites de Mazarin étoient ambitionnées par la fille de


1. L’hôtel habité par Mme de Montbazon, et où seroit arrivée la prétendue aventure de Rancé, à la mort de la duchesse, a été détruit. Voy. Fournier, Paris démoli, p. 59 et suiv. C’étoit le même hôtel où avoit été tué Coligny, rue de Bethisy, aujourd’hui perdue dans le tracé de la rue de Rivoli. Voy. Jaillot, Recherches sur Paris, 3e quartier, p. 12. Un café conserve le nom de Coligny, près de la place où fut la demeure de l’amiral.