Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/425

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tages et les prétentions de l’esprit, pour conserver cette partie basse et grossière, ce corps terrestre, dont les spéculatifs font si peu de cas.

Je reviens à l’opinion que vous n’approuverez point, et que je crois pourtant assez véritable : c’est que jamais homme n’a été bien persuadé par sa raison, ou que l’âme fût certainement immortelle, ou qu’elle s’anéantit effectivement avec le corps.

On ne doute point que Socrate n’ait cru l’immortalité de l’âme : son histoire le dit ; et les sentiments que Platon lui attribue, semblent nous en assurer. Mais Socrate ne nous en assure pas lui-même ; car, quand il est devant ses juges, il en parle comme un homme qui la souhaite, et traite l’anéantissement comme un philosophe qui ne le craint point.

Voilà, Monsieur, la belle assurance que nous donne Socrate de l’éternité de nos esprits. Voyons quelle certitude nous donnera Épicure de leur anéantissement.

Tout est corps pour Épicure : âme, esprit, intelligence, tout est matière, tout se corrompt, tout finit. Mais ne dément-il pas, à sa mort, les maximes qu’il a enseignées durant sa vie ? La postérité le touche ; sa mémoire lui devient chère ; il se flatte de la réputation de ses écrits, qu’il recommande à son disciple Hermachus. Son esprit, qui s’étoit si fort engagé dans l’opi-