Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/435

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finir par le sentiment qu’on doit avoir pour les favoris.

Il me semble que leur grandeur ne doit jamais éblouir ; qu’en son âme on peut juger d’eux comme du reste des hommes ; les estimer ou les mépriser, selon leur mérite ou leurs défauts ; les aimer ou les haïr, selon le bien ou le mal qu’ils nous font ; ne manquer, en aucun temps, à la reconnoissance qu’on leur doit, cacher soigneusement les déplaisirs qu’ils nous donnent ; et, quand l’honneur ou l’intérêt nous veulent porter à la vengeance, respecter l’inclination du maître, dans la personne de l’ennemi ; ne confondre pas le bien public avec le nôtre, et ne faire jamais une guerre civile d’une querelle particulière.

Qu’on les méprise, qu’on les haïsse, ce sont des mouvements libres, tant qu’ils sont secrets : mais du moment qu’ils nous portent à des choses où l’État se trouve intéressé, nous lui devons compte de nos actions, et sa justice a ses droits sur des entreprises si criminelles.