Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/440

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flexions sur la vie ; mais sortir souvent comme hors de soi, et, parmi les plaisirs que fournissent les choses étrangères, se dérober la connoissance de ses propres maux. Les divertissements ont tiré leur nom de la diversion qu’ils font faire des objets fâcheux et tristes, sur les choses plaisantes et agréables : ce qui montre assez qu’il est difficile de venir à bout de la dureté de notre condition, par aucune force d’esprit ; mais que, par adresse, on peut ingénieusement s’en détourner.

Il n’appartient qu’à Dieu de se considérer, et trouver en lui-même et sa félicité et son repos. À peine saurions-nous jeter les yeux sur nous, sans rencontrer mille défauts qui nous obligent à chercher ailleurs ce qui nous manque.

La gloire, les fortunes, les amours, les voluptés bien entendues et bien ménagées, sont de grands secours contre les rigueurs de la nature, contre les misères attachées à notre vie. Aussi la sagesse nous a été donnée principalement pour ménager nos plaisirs. Toute considérable qu’est la sagesse, on la trouve d’un faible usage parmi les douleurs, et dans les approches de la mort.

La philosophie de Posidonius lui fit dire, au fort de sa goutte, que la goutte n’étoit pas un mal ; mais il n’en souffroit pas moins. La sa-