Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/447

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pas un état sans douleur et sans plaisir ; c’est le sentiment délicat d’une joie pure, qui vient du repos de la conscience et de la tranquillité de l’esprit.

Après tout, quelque douceur que nous trouvions chez nous-mêmes, prenons garde d’y demeurer trop longtemps. Nous passons aisément de ces joies secrètes à des chagrins intérieurs ; ce qui fait que nous avons besoin d’économie, dans la jouissance de nos propres biens, comme dans l’usage des étrangers.

Qui ne sait que l’âme s’ennuie d’être toujours dans la même assiette, et qu’elle perdroit à la fin toute sa force, si elle n’étoit réveillée par les passions ?

Pour vivre heureux, il faut faire peu de réflexion sur la vie, mais sortir souvent comme hors de soi ; et, parmi les plaisirs que fournissent les choses étrangères, se dérober la connoissance de ses propres maux.

Voilà ce que la philosophie d’Épicure et celle d’Aristippe peuvent donner à leurs sectateurs : mais

Les vrais chrétiens, plus heureux mille fois,
Dans la pureté de leurs lois,
Goûteront les douceurs d’une innocente vie,
Qui d’une plus heureuse encor sera suivie.