Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir changées. Elles font avec la dernière ferveur ce qui défigure leur visage, et ne peuvent souffrir la vue de leur visage défiguré.

La nature, qui peut consentir à se laisser détruire elle-même, par un sentiment d’amour pour Dieu, s’oppose en secret au moindre changement de la beauté, par un mouvement d’amour-propre, dont elle ne se défait point. En quelque lieu qu’une belle personne soit retirée, en quelque état qu’elle soit, ses appas lui seront chers. Ils lui seront chers dans la maladie ; et, si la maladie va jusqu’à la mort, le dernier soupir est moins pour la perte de la vie, que pour celle de la beauté.



LE PROPHÈTE IRLANDOIS1, NOUVELLE.
(1666.)

Dans le temps que M. de Comminges étoit ambassadeur, pour le Roi Très-Chrétien, auprès du roi de la Grande-Bretagne (1665), il vint à Londres un prophète irlandois qui passoit pour un grand


1. Il s’appeloit Valentin Greaterick ou Greatraks. Après avoir assez longtemps abusé l’Irlande, il passa en