Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/501

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certain âge où l’on aime, pour ainsi parler, à se répandre : la multitude importune, dans un autre, où l’on revient naturellement à soi, ou pour le plus, à un petit nombre d’amis, qui s’unissent à nous davantage.

C’est cette humeur-là qui nous retire insensiblement des cours. Nous commençons, par elle, à chercher un milieu, entre l’assiduité et l’éloignement. Il nous vient ensuite quelque honte de montrer un vieux visage, parmi des jeunes gens, qui, loin de prendre pour sagesse notre sérieux, se moquent de nous, de vouloir paroître encore en des lieux publics, où il n’y a que de la galanterie et de la gaieté. Ne nous flattons pas de notre bon sens : une folie enjouée le saura confondre ; et le faux d’une imagination qui brille, dans la jeunesse, fera trouver ridicules nos plus délicates conversations. Si nous avons de l’esprit, allons en faire un meilleur usage, dans les entretiens particuliers ; car on se soutient mal, dans la foule, par les qualités de l’esprit, contre les avantages du corps.

Cette justice que nous sommes obligés de nous faire, ne nous doit pas rendre injustes à l’égard des jeunes gens. Il ne faut ni louer, avec importunité, le temps dont nous étions, ni accuser sans cesse, avec chagrin, celui qui leur est favorable. Ne crions point contre les plaisirs que nous n’avons plus : ne condamnons point