Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/509

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caractères, qui sont les plus recherchés du monde, pour les espèces, et dans leurs espèces les plus naturels. Quevedo paroît un auteur fort ingénieux ; mais je l’estime plus d’avoir voulu brûler tous ses livres, quand il lisoit Don Quichotte, que de les avoir su faire.

Je ne me connois pas assez aux vers italiens, pour en goûter la délicatesse, ou en admirer la force et la beauté. Je trouve quelques Histoires, en cette langue, au-dessus de toutes les modernes, et quelques traités de politique au-dessus même de ce que les anciens en ont écrit. Pour la Morale des Italiens, elle est pleine de concetti, qui sentent plus une imagination qui cherche à briller, qu’un bon sens formé par de profondes réflexions.

J’ai une curiosité fort grande pour tout ce qu’on fait de beau en françois, et un grand dégoût de mille auteurs, qui semblent n’écrire que pour se donner la réputation d’avoir écrit. Je n’aime pas seulement à lire, pour me donner celle d’avoir beaucoup lu ; et c’est ce qui me fait tenir particulièrement à certains livres, où je puis trouver une satisfaction assurée.

Les essais de Montagne, les poésies de Malherbe, les tragédies de Corneille et les œuvres de Voiture, se sont établi comme un droit de me plaire toute ma vie. Montagne ne fait pas le même effet, dans tout le cours de celle des