Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/519

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’avois cru, autrefois, qu’il n’y avoit d’honnêtes gens qu’en notre cour ; que la mollesse des pays chauds, et une espèce de barbarie des pays froids, n’en laissoient former, dans les uns et dans les autres, que fort rarement. Mais, à la fin, j’ai connu, par expérience, qu’il y en avoit partout ; et, si je ne les ai pas goûtés assez tôt, c’est qu’il est difficile, à un François, de pouvoir goûter ceux d’un autre pays que le sien. Chaque nation a son mérite, avec un certain tour qui est propre et singulier à son génie. Mon discernement trop accoutumé à l’air du nôtre, rejettoit comme mauvais ce qui lui étoit étranger. Pour voir toujours imiter nos modes, dans les choses extérieures, nous voudrions attirer l’imitation, jusqu’aux manières que nous donnons à notre vertu. À la vérité, le fond d’une qualité essentielle est par tout le même : mais nous cherchons des dehors qui nous conviennent ; et ceux, parmi nous, qui donnent le plus à la raison, y veulent encore des agréments pour la fantaisie. La différence


très-bien accueilli. Ce trait de la lettre au duc de Créqui est un souvenir de ce temps là, où Saint-Évremond se lia étroitement d’amitié avec le baron de Lisola, ambassadeur de l’empereur, avec le comte d’Estrades, ambassadeur de France et ancienne connoissance de la Fronde, avec le comte de Melos, Portugais, et surtout avec le comte de Lionne, qui s’employa souvent, et fort infructueusement, pour son rappel en France.