Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/536

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seul, prête des raisons, pour envelopper l’esprit dans sa ruine ; tandis que l’âme s’en fait une, pour croire qu’elle peut subsister toujours.

Pour pénétrer dans une chose si cachée, j’ai appelé au secours de mes réflexions les lumières des anciens et des modernes : j’ai voulu lire tout ce qui s’est écrit de l’Immortalité de l’Âme ; et, après l’avoir lu avec attention, la preuve la plus sensible que j’aie trouvée de l’éternité de mon esprit, c’est le désir que j’ai de toujours être.

Je voudrois n’avoir jamais lu les Méditations de M. Descartes. L’estime où est, parmi nous, cet excellent homme, m’auroit laissé quelque créance de la démonstration qu’il nous promet : mais il m’a paru plus de vanité, dans l’assurance qu’il en donne, que de solidité, dans les preuves qu’il en apporte ; et, quelque envie que j’aie d’être convaincu de ses raisons, tout ce que je puis faire, en sa faveur et en la mienne, c’est de demeurer dans l’incertitude où j’étois auparavant.

J’ai passé d’une étude de métaphysique à l’examen des religions ; et, retournant à cette antiquité qui m’est si chère, je n’ai vu, chez les Grecs et chez les Romains, qu’un culte superstitieux d’idolâtres, ou une invention humaine, politiquement établie, pour bien gouverner les hommes. Il ne m’a pas été difficile de recon-