Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/54

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Quant à l’autre couplet, j’y reprens la nature,
Qui des corps azurés a formé la structure,
De n’avoir su placer à ce haut firmament
——–——Qu’un soleil seulement.
La Comtesse en a deux : c’est au ciel une honte

Qu’un visage ici-bas en soleils le surmonte.

Plus loin, c’est Mlle de Gournay, la fille adoptive de Montaigne, qui s’indigne contre les profanateurs de la langue de son père, et qui apostrophe ainsi Boisrobert :

Montaigne s’employoit à corriger le vice ;
Et bien connoître l’homme étoit son exercice.
Il n’auroit pas cuidé pouvoir tirer grand los
Du stérile labeur de réformer des mots.

La Comédie des académistes tiroit donc sur tous les partis, sur celui des rétrogrades, comme sur le parti plus avancé du mauvais goût.

Dans une autre scène, s’agite la discussion assez comique des mots à supprimer dans la langue. Gomberville dit7 :

Que ferons-nous, Messieurs, de car et de pourquoi ?

Et Desmarets répond :

Que deviendroit sans car8 l’autorité du roi ?
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  
Du car viennent les loix : sans car point d’ordonnance ;
Et ce ne seroit plus que désordre et licence.



7. Gomberville s’étoit vanté de ne pas avoir employé une seule fois le mot car, dans les cinq volumes de son roman de Polexandre, où Pellisson remarque cependant qu’il se trouve trois fois.

8. On sait que les ordonnances royales se terminoient par cette formule : Car tel est notre plaisir.