Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/572

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naire qu’on se tourne à Dieu, par esprit de changement, pour former, en son âme, de nouveaux désirs, et lui faire sentir les mouvements d’une passion naissante. La dévotion fera retrouver, quelquefois, à une vieille, des délicatesses de sentiment, et des tendresses de cœur, que les plus jeunes n’auroient pas, dans le mariage, ou dans une galanterie usée. Une dévotion nouvelle plaît, en tout, jusqu’à parler des vieux péchés dont on se repent : car il y a une douceur secrète à détester ce qui en a déplu, et à rappeler ce qu’ils ont eu d’agréable.

À bien examiner un vicieux converti, on trouvera fort souvent qu’il ne s’est défait de son péché, que par l’ennui et le chagrin de sa vie passée. En effet, à qui voyons-nous quitter le vice, dans le temps qu’il flatte son imagination, dans le temps qu’il se montre avec des agréments, et qu’il fait goûter des délices ? On le quitte, lorsque ses charmes sont usés, et qu’une habitude ennuyeuse nous a fait tomber insensiblement dans la langueur. Ce n’est donc point ce qui plaisoit, qu’on quitte, en changeant de vie : c’est ce qu’on ne pouvoit plus souffrir ; et alors, le sacrifice qu’on fait à Dieu, c’est de lui offrir des dégoûts, dont on cherche, à quelque prix que ce soit, à se défaire.

Il y a deux impressions du vice, sur nous, fort différentes. Ce qu’il a d’ennuyeux et de