Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/578

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mission ; et quand elles auront de la règle dans les mœurs, de la modestie dans le commerce, de la patience dans les injures : alors, je serai satisfait de leur dévotion, par leur conduite.

Il est assez de dévotes passionnées, qui pensent avoir l’ardeur d’un beau zèle ; il en est peu qui se possèdent sagement, dans une bonne et solide piété : il en est assez qui sauroient mourir pour Dieu, par les sentiments de l’amour. Il y en a peu qui veuillent vivre selon ses lois, avec de l’ordre et de la raison. Attendez tout de leur ferveur, où il se mêle du dérèglement : n’espérez presque rien d’une dévotion, où elles ont besoin d’égalité, de sagesse, et de retenue.

Profitez, Madame, de l’erreur des autres ; et, voulant aujourd’hui vous donner à Dieu, faites moins entrer dans votre dévotion ce que vous aimez, que ce qui lui plaît. Si vous n’y prenez garde, votre cœur lui portera ses mouvements, au lieu de recevoir ses impressions ; et vous serez toute à vous, quand vous penserez être toute à lui.

Ce n’est pas qu’il ne puisse y avoir un saint et heureux ajustement, entre ses volontés et les vôtres. Vous pouvez aimer ce qu’il aime : vous pouvez désirer ce qu’il désire ; mais nous faisons ordinairement, par une douce et secrète impulsion, ce que nous désirons de nous-