Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/596

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ment par les libertins, et endurées impatiemment par les plus soumis.

J’avoue qu’on voit quelquefois des religieux d’un mérite inestimable. Ceux-ci connoissent les vanités du monde d’où ils sont sortis, et ce qu’il y a de grimace, dans les lieux où ils sont entrés. Ce sont de véritables gens de bien, et de véritables dévots, qui épurent les sentiments de la morale, par ceux de la piété. Ils vivent, non-seulement exempts du trouble des passions, mais dans une satisfaction d’esprit admirable : ils sont plus heureux à ne désirer rien, que les plus grands rois à posséder tout. À la vérité, ces exemples sont bien rares, et la vertu de ces religieux est plus à admirer, que leur condition à être embrassée.

Pour moi, je ne conseillerois jamais à un honnête homme de s’engager à ces sortes d’obligations, où tous les droits de la volonté, généralement, sont perdus. Les peines qu’on voudroit souffrir y sont rendues nécessaires ; le péché qu’on a dessein de fuir s’évite par ordre, et le bien qu’on veut pratiquer ne se fait qu’avec contrainte. La servitude ordinaire ne va pas plus loin qu’à nous forcer à ce que nous ne voulons pas : celle des couvents nous nécessite, même en ce que nous voulons.