Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/600

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plie de ces imaginations de retraite. « Que l’on vivroit heureux, me disoit-il, en quelque société, où l’on ôteroit à la fortune la juridiction qu’elle a sur nous ! Nous lui sacrifions, à cette fortune, nos biens, notre repos, nos années, peut-être inutilement ; et, si nous venons à posséder ses faveurs, nous en payons une courte jouissance, quelquefois de notre liberté, quelquefois de notre vie. Mais, quand nos grandeurs dureroient autant que nous, elles finiront, du moins, avec nous-mêmes. Et qu’ont fait des leurs ces grands favoris, qui n’ont jamais vu interrompre le cours de leur fortune ? Ne semblent-ils pas n’avoir acquis tant de gloire, et amassé tant de biens, que pour se préparer le tourment de ne savoir ni les quitter, ni les retenir? » C’étoient là ses entretiens ordinaires, un mois durant que je fus avec lui ; et ce courtisan agréable, dont la conversation faisoit


mérite en tout genre ; maréchal de France en 1652, époque où il prit le nom de maréchal de Clérambaut ; très-attaché à Fouquet, à la disgrâce duquel il fut fort sensible, comme Saint-Évremond, dont il demeura l’ami intime jusqu’en 1665, époque de sa mort : ils avoient suivi tous les deux le parti de la cour pendant la Fronde. La maréchale de Clérambaut n’est morte qu’en 1722 : « Une des femmes de son temps, dit Saint-Simon, qui avoit le plus d’esprit et le plus orné. » Voyez Tallemant, passim ; et Saint-Simon, sur 1722, t. XIII, p. 15, édit. Hachette, in-18.