Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tinction avec la noblesse d’épée ; et ce cortége d’officiers civils, de fonctionnaires et d’agents financiers, sortis de la bourgeoisie des villes, et quelquefois du peuple, entouroit la monarchie administrative qui avoit remplacé la royauté féodale, et créoit un foyer particulier de lumières, d’activité, de politesse, dans la capitale du royaume. Tout cela étoit représenté dans les salons du dix-septième siècle.

Une France transformée étoit donc sortie de la tourmente du seizième siècle ; tout avoit changé avec l’avènement de la maison de Bourbon au trône de France. Ce premier siècle des Bourbons ne ressembloit pas plus au siècle des Valois que la France née de la révolution ne ressemble à la France du dix-huitième siècle ; et le temps avoit marché si vite, qu’on se moqua de Sully et du duc d’Épernon, jadis si importants personnages, lorsqu’ils reparurent dans le monde, après une éclipse de dix ans. La résidence à Paris des deux derniers Valois, et le séjour constant de Henri IV et de Louis XIII, dans cette ville, hâtèrent cette révolution de la vie parisienne, en donnant à la capitale le spectacle continu d’une cour polie, dont l’accès n’étoit fermé à personne, et où la bourgeoisie de judicature, tout comme celle de l’hôtel de ville, se confondoient avec la noblesse d’armes, sortie de ses châteaux. On y voyoit une société choisie, constamment réunie ; et bientôt la courtoisie italienne, mêlée à la bienséance espagnole, y répandirent un charme inconnu jusqu’alors. La France et Paris offrent pour la première fois cet aspect, vers le milieu du dix-septième siècle.