Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/83

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sidérable qu’il excite l’étonnement. C’est une nouveauté qui émerveille l’exact et véridique Pierre Petit, collaborateur de Comboust, et auteur de notices curieuses, jointes au célèbre plan de Paris, de 1652. « Les carrosses y sont si communs, dit Pierre Petit, que plusieurs maisons en ont deux ou trois ; quantité d’avocats, de marchands et de simples bourgeois s’en servent ordinairement, et l’on a même quelque pudeur d’aller à cheval ou à pied par les rues, dans lesquelles le menu peuple est fort insolent. »

Pour ce menu peuple lui-même, on imagina les carrosses à cinq sous, précurseurs avortés de l’omnibus, où grimpa plus d’une fois, avec bonheur, le vicomte de Turenne, et dont l’édilité parisienne laissa tomber l’entreprise, pour deux siècles, par défaut d’encouragement6.

Le seizième siècle, il faut le reconnoître, avoit dû certains avantages aux conditions anciennes et sévères de la vie privée, en ce temps-là : de fortes études, d’énergiques caractères, des travaux prodigieux d’érudition, la discipline du foyer domestique. Les grands magistrats, les grands avocats, comme les Brisson, les Molé, les Pasquier, les Dumoulin, passoient leur soirée d’hiver au coin du feu, à lire un Corpus juris, à méditer sur Aristote, ou à écrire de gros livres, en face de leurs femmes qui tournoient le rouet ; il n’y avoit point de temps perdu, pour les agréments et les politesses de la vie. Vers le début du dix-septième siècle, la scène change.


6. Voy. les carrosses à cinq sous, de M. de Monmerqué. Paris, 1828, 62 pag. in-8º.