Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/85

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dans les salons ; nous en avons un autre mémorable exemple, dans la dissertation de Saint-Évremond sur l’acception du mot vaste, qu’avoit employé la duchesse Mazarin, en l’appliquant à l’esprit de Richelieu7.

Mais ce seroit une erreur de croire, avec M. Rœderer, dans son Histoire de la société polie, livre toujours fort agréable à lire, qu’au début du dix-septième siècle, l’esprit cultivé s’est exclusivement appliqué, soit à l’hôtel de Rambouillet, soit dans les autres salons des Précieuses, aux délicatesses de la parole et aux recherches de la galanterie.

La discussion philosophique, ainsi que les théories diverses de la politique, ont pris une grande place dans la littérature et dans les conversations de la première moitié du dix-septième siècle. Aucune époque n’est plus féconde en écrits politiques du premier ordre. Je ne citerai que le Prince, de Balzac, le Testament politique, de Richelieu, et la correspondance de nos plénipotentiaires à Munster : monument admirable, qui restera comme un modèle achevé du style diplomatique. La conversation des salons n’a point été au-dessous de cette élévation de la littérature politique. La conversation philosophique, en particulier, a été le triomphe des beaux esprits du temps. Les femmes de cette époque, merveilleusement élevées, déployoient dans leur parole la même supériorité qui nous étonne dans les ouvrages de leur plume. Elles donnoient beaucoup au sentiment, à la passion, au plaisir ; elles lisoient aussi Platon, discutoient Épi-


7. Voy. infra.