Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/91

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de province, le Dictionnaire de Somaize fournit de curieux renseignements.

On fit même des Conversations en forme de compositions littéraires, qui avoient certes leur modèle dans les Dialogues de l’antiquité, mais qui gardèrent la couleur moderne, avec le nom même de la chose qu’elles représentoient : à savoir, une causerie de salon. Les Conversations furent une littérature à la mode, dans certains salons, chez Mme Scarron, chez Mlle de Scudéry, et ailleurs ; comme les Portraits chez Mademoiselle, comme les Caractères à l’hôtel de Condé, comme les Maximes chez Mme de Sablé, comme les Contes de fées chez Mme de Murat. Saint-Évremond, si brillant causeur au salon, s’est illustré entre bien d’autres, par la Conversation du maréchal d’Hocquincourt, par la Conversation de M. d’Aubigny, par la Conversation du duc de Candale. Le chevalier de Méré, bel esprit de ce temps, et normand comme Saint-Évremond, nous a laissé les Conversations du maréchal de Clérembaut. Ainsi, le talent de conversation occupoit les hommes du monde, inspiroit les moralistes, les philosophes ; dominoit dans les assemblées de l’époque. La conversation tenoit lieu, au dix-septième siècle, des journaux d’un autre temps. Le chevalier de Méré dans son Discours de la conversation ose dire que le plus grand usage de la parole, parmi les hommes, c’est la conversation. Par elle, en effet, le salon est devenu, dans la société moderne, une puissance. L’un des mémorables effets de la civilisation françoise, est même d’avoir propagé, de proche en proche, l’influence des salons dans les autres pays de l’Europe ; et bien que la supériorité sociale qui se