Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/538

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Vivent innocemment, sans crainte et sans envie,
Exempts de mille soins qui traversent la vie,

Et de mille frayeurs que nous donne la mort.

Un mélange incertain d’esprit et de matière,
Nous fait vivre avec trop ou trop peu de lumière,
Pour savoir justement et nos biens et nos maux.

Change l’état douteux dans lequel tu nous ranges,
Nature ! élève-nous à la clarté des anges,
Ou nous abaisse au sens des simples animaux.



À MONSIEUR LE COMTE D’OLONNE.
Stances.

Tircis, que l’avenir trouble moins tes beaux jours !
Qui sait vivre ici-bas, qui suit ses destinées,
Se laisse aller au temps insensible en son cours,
Et compte ses plaisirs plutôt que ses années.

Il goûte en liberté tous les biens qu’il ressent :
Un malheur éloigné fait rarement ses craintes ;
Et son esprit, charmé d’un repos innocent,
Connoît peu de douleurs qui méritent ses plaintes.

Le passé n’a pour lui qu’un tendre souvenir ;
Il se fait du présent un agréable usage,
Se dérobe aux chagrins que donne l’avenir,
Et n’en reçoit jamais qu’une plaisante image.