Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/111

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des possibles, avant qu’il décernât de les admettre à l’existence.

43 Mais si la prescience de Dieu n’a rien de commun avec la dépendance ou indépendance de nos actions libres, il n’en est pas de même de la préordination de Dieu, de ses décrets, et de la suite des causes que je crois toujours contribuer à la détermination de la volonté. Et si je suis pour les molinistes dans le premier point, je suis pour les prédélerminaleurs dans le second, mais en observant toujours que la prédétermination ne soit point nécessitante. Eu un mot, je suis d’opinion que la volonté est toujours plus inclinée au parti qu’elle prend, mais qu’elle n’est jamais dans la nécessité de le prendre. Il est certain qu’elle prendra ce parti, mais il n’est point nécessaire qu’elle le prenne. C’est à l’imitation de ce fameux dicton : Astra inclinant, non necesiitant ; quoiqu’ici le cas ne soit pas tout à fait semblable. Car l’événement où les astres portent (en parlant avec le vulgaire, comme s’il y avait quelque fondement dans l’astrologie) n’arrive pas toujours ; au lieu que le parti vers lequel la volonté est plus inclinée ne manque jamais d’être pris. Aussi les astres ne feraienl-ils qu’une partie des inclinaisons qui concourent à l’événement ; mais quand on parle de la plus grande inclinaison de la volonté, on parle du résultat de toutes les inclinaisons ; à peu près comme nous avons parlé ci-dessus de la volonté conséquente en Dieu, qui résulte de toutes les volontés antécédentes.

44 Cependant la certitude objective ou la détermination ne fait point la nécessité de la vérité déterminée. Tous les philosopbes le reconnaissent, en avouant que la vérité des futurs contingents est déterminée, et qu’ils ne laissent pas de demeurer contingents. C’est que la chose n’impliquerait aucune contradiction en elle-même, si l’effet ne suivait ; et c’est en cela que consiste la contingence. Pour mieux entendre ce point, il faut considérer qu’il y a deux grands principes de nos raisonnements : l’un est le principe de la contradiction qui porte que de deux propositions contradictoires, l’une est vraie, l’autre fausse ; l’autre principe est celui de la raison déterminante : c’est que jamais rien n’arrive, sans qu’il y ail une cause ou du moins une raison déterminante, c’est-à-dire quelque chose qui puisse servir à rendre a priori, pourquoi cela est existant plulôt que de toute autre façon. Ce grand principe a lieu dans tous les événements, et on ne donnera jamais un exemple contraire : et quoique le plus souvent ces raisons déterminantes ne