Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/43

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ancillans ; enfin, que c’était une Agar auprès de Sara, qu’il fallait chasser de la maison avec son Ismaël quand elle faisait la mutine. Il y a quelque chose de bon dans ces réponses ; mais comme on en pourrait abuser et commettre mal à propos les vérités naturelles et les vérités révélées, les savants se sont attachés à distinguer ce qu’il y a de nécessaire et d’indispensable dans les vérités naturelles ou philosophiques d’avec ce qui ne l’est point.

18. Les deux partis protestants sont assez d’accord entre eux quand il s’agit de faire la guerre aux sociniens ; et comme la philosophie de ces sectaires n’est pas des plus exactes, on a réussi le plus souvent à la battre en ruine. Mais les mêmes protestants se sont brouillés entre eux à l’occasion du sacrement de l’eucharistie lorsqu’une partie de ceux qui s’appellent réformés (c’est-àdire ceux qui suivent en cela plutôt Zwingle que Calvin) a paru réduire la participation du corps de Jésus-Christ dans la sainte Cène à une simple représentation de figure, en se servant de la maxime des philosophes qui porte qu’un corps ne peut être qu’en un seul lieu à la fois, au lieu que les évangéliques (qui s’appellent ainsi dans un sens particulier, pour se distinguer des réformés) étant plus attachés au sens littéral, ont jugé avec Luther que cette participation était réelle et qu’il y avait là un mystère surnaturel. Ils rejettent, à la vérité, le dogme de la transsubstantiation 111 qu’ils croient peu fondé dans le texte, et ils n’approuvent point non plus celui de la consubstantiation ou de l’impanation, qu’on ne peut leur imputer que faute d’être bien informé de leur sentiment, puisqu’ils n’admettent point l’inclusion du corps de jésusChrist dans le pain, et ne demandent même aucune union de l’un avec l’autre ; mais ils demandent au moins une concomitance, en sorte que ces deux substances soient reçues toutes deux en même temps. Ils croient que la signification ordinaire des paroles de Jésus-Christ dans une occasion aussi importante que celle où il s’agissait d’exprimer ses dernières volontés doit être conservée ; et pour maintenir que ce sens est exempt de toute absurdité qui nous en pourrait éloigner, ils soutiennent que la maxime philosophique qui borne l’existence et la participation des corps à un seul lieu n’est qu’une suite du cours ordinaire de la nature. Ils ne détruisent pas pour cela la présence ordinaire du corps de notre Sauveur telle qu’elle peut convenir au corps le plus glorifié. Ils n’ont point recours à je ne sais quelle diffusion d’ubiquité qui le dissiperait et ne le laisserait trouver nulle part, et ils n’admettent